
Faire de sa sensibilité une force
Jusqu’à mes 27 ans, j’ai eu ce complexe d’être vraiment dans le « trop ». Trop émotive, trop fragile, trop sensible… Trop sensible à tout d’ailleurs, autant au niveau des sens que des émotions. Aujourd’hui, j’ai un peu décomplexé ce caractère que j’identifiais à la base comme quelque chose de non assumable.
Ma sensibilité, ce défaut
Pour moi, c’était quelque chose qu’il fallait que je cache. J’ai longtemps pensé qu’il fallait que je fasse des années de psy pour arrêter d’être trop sensible, trop émotive, de tout prendre à cœur… Pour arrêter d’être trop en fait ! J’ai vraiment compris que très récemment que ça pouvait être une force, une qualité, une plus-value.
Ma sensibilité est présente dans tous les domaines de ma vie. Au boulot, j’étais celle qui fondait en larmes à la moindre petite réflexion, au moindre conflit avec les collègues. Ça pouvait me détruire, une journée, et même une semaine de boulot. Dans le couple, je suis aussi trop sensible, je m’attache trop et je suis souvent déçue.
Quand je ne suis pas bien, je n’ai pas juste un petit coup de blues, je ne suis pas bien -1000. Je suis dans l’excès. La moindre émotion qu’elle soit positive ou négative est multipliée. Et c’est quelque chose que beaucoup ne comprennent pas.
La sur-adaptation
J’ai toujours eu la sensation qu’il fallait que je me sur-adapte, que c’était à moi de faire les efforts. Comme si c’était nous, les hypersensibles qui avions un problème.
L’hyperesthésie
Être trop sensible, c’est aussi se sur-adapter dans sa sensibilité, c’est aussi canaliser ses émotions. Par exemple, c’est de se dire quand on est dans un endroit où il y a du bruit, du monde et que ça ne sent pas bon qu’on est relou. Mais non ! Moi, je ne suis pas à l’aise dans ces cas-là. On ne s’entend pas parler, on ne peut pas communiquer. Ça me dérange profondément. J’ai besoin de pouvoir parler au calme et que l’odeur soit neutre. Chez moi, ça se répercute aussi sur le goût, car tous les goûts très forts comme le poisson ou la viande me gênent. Je n’en mange pas, c’est trop pour moi, je sature.
Quand je suis en soirée, je ne bois pratiquement pas donc je ne m’enjaille pas comme tout le monde . Je ne passe pas le stade où je ne capte plus rien. Moi, je capte toujours, je reviens toujours à ma conscience. Et quand j’ai envie d’avoir une conversation avec quelqu’un, je trouve ça insupportable s’il y a trop de bruits.
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La maternité
Le fait de devenir maman a presque coupé quelque chose qui était naturel chez moi. Avant, j’arrivais à décharger en pleurant dès que quelque chose n’allait pas. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je garde simplement une boule désagréable à l’estomac, comme si cette émotivité s’était rompue en devenant maman.
En couple
Je suis restée six ans avec le papa de mon fils. Les deux premières années, il me disait que j’avais toujours un coup de blues et qu’il était tout le temps obligé de me consoler, de me faire reprendre confiance en moi… Effectivement, je faisais beaucoup de crises d’angoisse. J’avais déménagé sur Annecy pour lui, je ne connaissais personne. Il était mon seul point d’ancrage. C’est quelqu’un de très sensible et empathique, pour autant, il ne comprend pas l’hypersensibilité qu’il juge être une nouvelle mode. Je reconnais qu’il m’a beaucoup consolé et je l’en remercie pour ça.
J’ai la sensation que la maternité m’a donné la légitimité d’exister comme je suis vraiment.
Depuis la naissance de notre fils, c’était vraiment compliqué dans notre couple. Non pas parce que notre enfant était là, mais parce que j’ai arrêté de m’excuser pour tout et de m’adapter. Ca n’avait jamais été aussi dur dans mon couple, pour autant, je ne m’étais jamais senti autant accomplie, entière et alignée. J’ai aimé très fort cette homme, mais j’ai réalisé que si cet amour m’empêchait d’être moi-même, ce n’était pas un amour sain.
Au travail
Le salariat
Pendant 10 ans, j’ai travaillé dans plusieurs entreprises en tant que salarié. J’ai toujours cru que ça ne marchait pas parce que je n’étais pas assez compétente, que je ne prenais pas assez sur moi, que je n’étais pas assez bosseuse, trop sensible… Une de mes directrices m’a dit « si tu n’arrives pas à t’adapter ici, je ne vois pas où est ce que tu pourras adapter… ».
Heureusement, je suis quand même assez résiliente et je me suis qu’il fallait que j’arrête de croire les gens qui me disent que je ne suis pas adaptée à eux. C’est juste que la structure ou le fonctionnement ne sont pas pour moi.
L’entrepreneuriat
Depuis un an et demi, je mets cette sensibilité au service de mon job. Je suis prof de yoga et de pilates ♀️. Quand j’écris des méditations, je communique avec de l’émotion, avec ce que je ressens, et surtout pas pour dire des choses qui vont plaire aux gens ou qui vont être “bankable”.
En cours, je suis dans l’humour. Je n’ai pas du tout envie de transmettre de manière stricte et structurée. J’enseigne toujours sur le ton de la blague. Mes clientes le savent très bien. Et celles qui sont là chaque semaine depuis des mois, apprécient vraiment cette énergie-là. ✨
Accepter mon fonctionnement
Jusqu’à il y a peu, mon hypersensibilité était vraiment quelque chose de très négatif pour moi. À partir du moment où j’ai capté que je pouvais l’assumer et la vivre pleinement, bizarrement ça, c’est un peu estompé.
Aujourd’hui, je ne me censure plus dans mes émotions. Quand je suis heureuse, je vibre pleinement, je vais à fond dedans et je profite de ce moment. Quand je vais mal, je sais que je dois vivre cette émotion, qu’elle est inconfortable, mais qu’il y aura des jours meilleurs. Je préfère maintenant aller au bout de l’émotion et m’entourer de personnes qui sont ok avec ce trait de caractère.
Le fait d’être seule aujourd’hui me permet de prendre conscience de mes limites. Maintenant, il faut que j’apprenne à les poser sans penser qu’on va me trouver chiante. Je pense que je commence à trouver mon mode d’emploi petit à petit.
Être moi-même
Je n’ai pas la sensation de m’être transformée, plutôt “upgradée”. Comme si j’étais moi, en mieux.
Mon fils me renvoie vraiment un effet miroir. Je ne sais pas s’il est hypersensible, en tout cas il n’est pas trop sensible. Il a des réactions très entières. Il n’est pas dans la demi-mesure et ne se laisse pas faire du tout. Ses émotions sont très fortes. Je ne sais pas comment il va grandir, mais j’ai vraiment envie de l’aider à être lui-même.
Moi, j’ai perdu 25 ans de ma vie à ne pas assumer ça. À pleurer dès que j’avais une mauvaise note à l’école, à me faire charriée parce que je pleurais tout le temps. Je ne me suis pas sentie à ma place dans les études, car j’ai besoin qu’on m’explique les choses en petit comité. Les amphis ne sont pas pour moi. Je me sentais nulle. On en revient toujours au fait que j’essayais de m’adapter à un environnement qui ne me convenait pas. L’essentiel est de trouver l’environnement dans lequel on est bien plutôt que de forcer un environnement qui n’est pas le sien.
Oui, j’ai dû m’éloigner de personnes pour qui j’étais trop sensible, trop agressive, ou trop cinglante…
Ma sensibilité, cet atout
Maintenant, j’arrive à me dire que j’ai une force en plus, comme un pouvoir en plus que je veux exploiter à 2000%.
Je pense qu’à partir du moment où on accepte d’être authentique, c’est là qu’on a le plus de pouvoir. En arrêtant d’essayer de me cacher derrière un personnage qu’on voulait m’imposer (la société, mes parents, mes relations amoureuses ou amicales…), c’est à ce moment-là que je me suis le plus épanoui autant dans mes relations que dans mon travail.
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