Haut-potentiel : un avant et un après diagnostic
J’ai découvert mon haut-potentiel en octobre 2020, à l’âge de 45 ans, ce qui peut sembler un peu tardif. Mais il n’est jamais trop tard pour découvrir qui l’on est et comment on fonctionne. Ça a vraiment été une révélation pour moi de comprendre d’où venait cette hypersensibilité et ce décalage dû au haut-potentiel.
Mon hypersensibilité
Mon hypersensibilité est émotionnelle et physique. L’hypersensibilité émotionnelle est assez facile à cerner. C’est quand il se passe quelque chose d’un peu trop intense. Mes émotions arrivent comme des vagues et sont difficiles à gérer. Il faut faire avec et parfois, ce n’est pas évident.
Mon hypersensibilité physique, elle, est liée au toucher. Elle se manifeste pour moi par un besoin de ne porter que des vêtements en coton. Dans ma vie intime, je ne peux pas porter de sous vêtements « très jolis », uniquement des basiques en coton. C’est le genre de « contraintes » que m’apporte cette sensibilité physique.
Également, j’ai une incapacité à tolérer les gens qui sont trop proches de moi. J’ai la sensation qu’ils rentrent dans mon intimité et si je ne leur donne pas l’autorisation, alors je me bloque. Je sens même parfois une envie de violence verbale et parfois même physique quand les gens sont vraiment très très proches .
Mon intimité
C’est très difficile d’accepter qu’on me touche certaines parties du corps, comme les seins. Quand ça arrive, j’ai l’impression d’avoir des décharges électriques. Je sais que c’est un geste qui est apporté avec beaucoup de tendresse, mais ma réponse est plutôt dans le retrait, je me crispe, je recule alors qu’émotionnellement, sentimentalement, je n’ai pas du tout envie de réagir comme ça. Mais c’est l’hypersensibilité qui prend le dessus et je ne peux pas gérer ces réactions. Cela peut apporter des tensions dont on n’a pas du tout envie avec mon mari. Parce que les sentiments sont là et qu’on a vraiment la sensation de subir cette hypersensibilité.
Du fait de mon haut-potentiel, le cérébral prend le dessus. Je me pose trop de questions et dans ces moments-là. J’ai beaucoup de mal à lâcher prise. Je sais que c’est un moment où je peux me sentir en confiance. J’aimerais d’ailleurs réussir à décrocher de ce que je peux avoir vécu dans la journée, de mes pensées, de tout ce qui peut être encombrant. Mais non. Moi, je me demande comment ce moment intime va se passer, où mon mari va me toucher, avec quelle intensité, dans quel ordre… Je me demande aussi à quoi il pense, s’il va bien, ce que je dois faire, ce qu’il attend… J’ai l’intime conviction que dans ces moments-là, on ne devrait pas se poser ces questions-là. Je ne me laisse pas la place de vivre ce moment physiquement, intensément et librement.
Je ne me sens vraiment pas libre parce que mes pensées sont trop présentes et ma sensibilité physique vient compliquer les choses. Il y a donc beaucoup de culpabilité de mon côté parce que je suis convaincue qu’il ressent le fait que je n’arrive pas à me lâcher et que ce doit être pour lui désagréable et frustrant.
A lire sur le sujet :
L’hypersensibilité dans l’intimité, ça donne quoi ?
Hypersensibilité et sexualité, ça donne quoi ?
Ma vie de couple
En tant que couple, nous nous connaissons bien tous les deux. Nous nous acceptons mutuellement et personnellement. Je pense d’ailleurs que c’est important de se connaître en tant que personne, avec ses forces et ses faiblesses, d’accepter ses différences…
Aujourd’hui, je sais que je réfléchis comme ça, que mon corps fonctionne comme ça. J’ai appris à accepter que c’était du au fait que je suis haut-potentiel et que ça ne changerait pas. De ce fait, j’ai arrêté de culpabiliser et les choses me semblent plus simples à présent.
C’est essentiel d’être en totale confiance avec la personne avec qui on est. De savoir qu’elle a vraiment une volonté de tendresse, de gentillesse, d’amour. Il faut vraiment être convaincu de ça pour vivre les choses en toute simplicité. Le partage et la discussion sont aussi capitaux. Dans notre vie de couple, la discussion fait vraiment partie de nous, de notre vie intime. Le fait de pouvoir parler librement de nos craintes, de nos frustrations, de nos déceptions fait qu’il n’y a pas d’interdits entre nous, pas de tabous, pas de conversation ou de sujets qu’on n’ose pas aborder. C’est une des clés qui fait que notre histoire dure depuis 25 ans et qu’on est toujours aussi heureux.
L’avant et l’après diagnostic du haut-potentiel
À partir du moment où j’ai su que j’étais haut-potentiel, on a compris tous les deux que c’était mon fonctionnement et que les changements qu’on attendait ne viendraient pas. On a appris à l’accepter. Il y a vraiment eu un avant et un après-diagnostic. Avant le diagnostic, je me sentais un peu plus stupide que la moyenne des gens. Puis cette révélation de haut potentiel m’a juste fait comprendre que je n’étais pas en dessous, mais au même niveau que les autres. Mon mari, aurait aimé voir se simplifier certains de mes traits de caractère comme mon côté un peu dépressif, compliqué, avec beaucoup de questionnements, beaucoup d’exigences de ma part envers moi… Je pense qu’il attendait cela avec le temps, les thérapies, un traitement, de la méditation… Mais on a compris tous les deux que peut-être ça allait se simplifier, que ce serait plus facile à vivre, mais que pour autant, je n’allais pas fondamentalement changer la personne que j’étais.
Alors, j’ai appris à vivre avec qui je suis et mon haut-potentiel ne me définit pas. Maintenant, je connais mes faiblesses, mais j’ai aussi appris à reconnaître mes forces. Je ne voulais pas y faire face avant. C’était un peu présomptueux sur certaines choses de dire, “je sais…” ou “oui je suis capable de…”. Et finalement, ça a été une libération pour moi.
Ça a été une grosse phase d’acceptation pour lui. Maintenant, il a tellement compris comment je fonctionne que c’est lui qui m’encourage dans mes choix. C’est lui qui m’a encouragée à changer de carrière. C’est lui qui m’a encouragée à quitter mon travail. Quand l’opportunité s’est présentée, c’est lui qui m’a encouragée à reprendre des études.
C’est donc pour cela que d’une carrière textile de 20 ans, je m’oriente vers une carrière d’art thérapeute. Un changement radical ! Mais ce que j’ai découvert sur moi était assez radical aussi.
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Vivre l’hypersensibilité en famille
On sait depuis peu qu’une de nos filles est haut-potentiel avec un trouble déficitaire de l’attention. Quand elle a l’impression que son cerveau est une pelote de laine qui fait des nœuds et qu’elle ne sait plus où est le début de la pelote pour dénouer tout ça, tellement ses pensées sont confuses, elle sait qu’elle peut me parler et que je la comprends. Je pense que ça l’a aidé pour qu’elle puisse elle aussi accepter ça simplement, de savoir comment vivre avec, comment l’apprivoiser et avoir des conseils et des astuces pour gérer tout ça.
Notre autre fille, elle, est hypersensible. Elle sait aussi qu’elle peut nous en parler très librement parce que ce n’est pas quelque chose d’interdit, de bizarre ou qui n’a pas de sens. C’est quelque chose de réel.
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Trouver mes ressources
La respiration
Je respire trop vite, trop peu, pas assez profondément, parce que dans mon fonctionnement, il faut que tout aille très vite, très bien et de manière très efficace tout de suite. Donc, simplement, le fait de me poser, de placer les mains sur mes jambes et de prendre le temps de respirer est bénéfique. Ça peut paraître très cliché, pour autant, ça marche.
La méditation
La méditation fonctionne aussi bien pour moi. Me poser. Prendre connaissance de l’environnement qui m’entoure me permet de faire face à ce qui m’a mis dans cet état-là. J’identifie le déclencheur. Si je ne prends pas le temps de me poser, je n’arrive pas à analyser.
L’eau
Quand on a un cerveau en ébullition, il faut boire plus d’eau que la moyenne parce que le cerveau a besoin d’eau pour fonctionner. Et plus on a un cerveau qui fonctionne vite (et trop vite, comme c’est le cas chez le haut-potentiel), plus il faut plus d’eau. C’est comme du carburant pour le faire fonctionner correctement.
Le sport
Je suis sous antidépresseurs depuis cinq ans et les jours où je fais du sport à plus haute dose, je n’ai pas besoin de mon traitement. Donc, vraisemblablement, le sport, l’alimentation équilibrée, la respiration et la méditation aide considérablement. Voici les petites astuces que je me suis trouvées au quotidien. Et puis lire et écrire.
Le journal créatif
D’ailleurs, je pratique le journal créatif . Me poser dans un journal intime, non-conventionnel, introspectif, me permet de passer du temps avec moi. Ce que je ne m’autorisais pas avant parce que je ne me donnais pas de valeur du tout. Je n’avais aucun respect pour moi et d’un seul coup, en découvrant qui j’étais, j’ai appris à m’accepter, à me respecter. Voilà pourquoi je dis qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre comment fonctionne, et trouver ses propres solutions.
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Me respecter
Avant, j’avais une fâcheuse tendance à ne pas aimer simplement la personne que j’étais. Cela se manifestait par beaucoup de choses : tout faire pour tout le monde, je n’avais pas temps pour moi, pas de temps pour manger correctement, pas de temps pour faire du sport, pas de temps pour faire les choses dont j’avais envie, pas de temps pour voir les gens que je n’avais pas vus depuis longtemps…
Je ne me respectais pas physiquement non plus, je ne faisais aucun effort alimentaire. Si dans le frigo, il restait quelque chose dont personne n’avait envie, c’était pour moi. Et s’il restait une chose dont tout le monde avait envie, je la laissais pour les autres et je ne m’autorisais pas à la manger. Donc, quand il y avait quelque chose de chouette, forcément, ce n’était pas pour moi. Je ne voulais pas m’apporter quelque chose de bien si ça pouvait être pour le bénéfice d’un autre.
Prendre soin de moi
J’ai découvert que j’avais le droit de m’aimer. Même si ce n’est pas encore gagné, c’est vraiment quelque chose. Avant, c’était une perte de temps, de l’égoïsme pur. Et au fur et à mesure des mois, j’ai compris que je pourrais être capable de prendre soin des autres correctement que si je prenais soin de moi. Donc, à partir du moment où j’ai appris à prendre soin de moi, que j’ai pris le temps vraiment de pratiquer le journal créatif, d’écrire, de coller, de dessiner, d’explorer des choses qui moi me parlaient, ça m’a vraiment libéré l’esprit, ça m’a libéré des tensions, ça m’a libéré des questions, ce qui, sans doute existe, explique un changement de carrière.
Dépasser mon manque d’estime de moi
Chaque fois que mon mari a voulu être gentil avec moi, j’estimais que je ne méritais pas ce qu’il faisait pour moi et c’était très dur. Je sais que je n’ai pas su accueillir ses attentions à la hauteur de ce qu’il a voulu faire pour moi. Je pense précisément à un anniversaire surprise qu’il a fait. C’était extraordinaire mais j’ai passé la soirée à culpabiliser en me disant “le pauvre, il a dû tellement galérer pour organiser tout ça”. J’allais même jusqu’à me dire que les gens qui étaient venus avaient sans doute quelque chose de mieux à faire et qu’ils s’étaient forcés à venir. Je ne méritais pas que ces gens gâchent leur soirée pour moi.
Je pense que si on faisait la même chose maintenant, je me dirais que les gens avaient le choix de refuser l’invitation et que personne n’est venu de force.
Suivre une thérapie
Le diagnostic du haut-potentiel m’a aidé, mais c’est surtout la thérapie que je suis depuis 5 ans qui m’a fait ouvrir les yeux sur le fait qu’on est aussi le résultat de choses qu’on a vécu. Alors, ce n’est pas toujours facile, mais de reprendre son histoire, de reprendre les personnes que l’on a rencontrées, les beaux moments qu’on a vécu, les moments très difficiles que la vie nous a imposés permettent aussi de comprendre pourquoi, à un moment, on se pose autant de questions. Pourquoi, à 45 ans, on a besoin de comprendre qui on est ? Le passage par la thérapie a été quelque chose de capital.
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Accepter mon mode d’emploi
Comme beaucoup de haut-potentiel, j’ai tendance à lire 3 livres en même temps, à avoir plein de projets en tête, à être régulièrement en retard dans les projets, à tout faire à la dernière minute. Et c’est ok. Ça marche quand je fais comme ça. Alors, même si ça ne marche pas pour les autres et qui ne le comprennent pas, ce n’est pas grave. J’ai accepté que ce qui semble être trop pour les autres, c’est ma normalité à moi et que je ne pourrai pas faire comme eux parce que pour moi, ça ne marcherait pas.
On m’a souvent dit que je ne rentrais pas dans le moule. Je vous encourage à créer votre propre moule, parce qu’on est tous différents. Il n’y a aucune raison pour laquelle on devrait tous rentrer dans les mêmes conventions, dans les mêmes codes, avec la même manière de réfléchir, la même manière d’être. Donc, ne vous fiez pas aux conventions, ne vous forcez pas, que ce soit dans votre vie intime ou relationnelle. Apprenez simplement à vous connaître, à vous respecter, à vous aimer et créer votre propre espace qui vous correspond le mieux possible.
Caroline
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