Lâcher prise sur l’intellectualisation grâce à l’EMDR
Diagnostiqué HPI (Haut-Potentiel Intellectuel) à 32 ans, ça a été une révélation pour moi. Les résultats sont d’un point de vue intellectuel très disparates et indiquent un profil hétérogène, avec une forte sensibilité. J’ai passé un autre test sur l’autisme qui a permis d’affiner le premier diagnostic et qui s’est révélé positif. Aujourd’hui, j’ai recours à l’EMDR et je me sens bien.
Mes sens à l’affut
Ma sensibilité intervient dans plusieurs aspects de ma vie. Notamment sur le bruit. Dès que je prends les transports ou que je suis en open-space, je mets mon casque anti-bruit. Ça me permet d’être dans ma bulle et de sauver de l’énergie.
Il y a aussi l’acuité visuelle. Dès qu’une personne bouge son stylo ou passe devant moi, c’est compliqué. S’il y a du bruit et de la dispersion visuelle, il y a de grandes chances que je ne fasse pas grand-chose de ma journée.
Tous, nous avons un périmètre, un cercle de non-agression. Le mien est plus important que les autres. On ne peut pas trop m’approcher. Cela me gêne autant pour les odeurs que pour le toucher. C’est quelque chose qui m’a longtemps impacté, notamment à l’école. Parce qu’en cours, quand on reste longtemps dans une salle de classe, ça ne sent pas très bon. Donc ça a été une grosse souffrance à partir de 12 ans, jusqu’à 24 ans. Du coup, je n’allais pas à l’école, je séchais dès que je pouvais, voir même, je prenais de la drogue.
Ma scolarité
J’avais de très bons résultats sur certaines matières, mais sur celles qui ne m’intéressaient pas, j’avais les plus mauvaises notes de la classe. J’ai donc redoublé plusieurs fois.
À l’époque, on ne reliait pas l’intellect avec les émotions. Il n’y avait rien qui prédisposait que je sois HPI ou autre chose.
C’était justement ma sensibilité qui « me mettait dedans ». Je faisais du foot. Il y a des matchs où j’allais marquer 3-4 buts et d’autres où je n’allais rien faire. Les entraîneurs me détestaient pour ça. Ils croyaient que je le faisais exprès. Ils me reprochaient d’être nonchalant et je m’en foutiste. C’est simplement qu’il y avait des matchs où il faisait beau ☀️, le terrain me plaisait et d’autres match, où je n’étais pas dans un bon « mood”. Je n’étais pas « standard », alors que généralement, les gens sont plutôt réguliers dans leurs performances.
À l’école, c’était pareil. Je pouvais rendre une super copie, et la fois d’après une très mauvaise. Du fait de mon hypersensibilité, il suffisait que dans la salle, je sois mal placé pour que ça impacte ma copie. Je n’aimais pas être au milieu de la classe. Je me sentais trop près des gens. Il fallait que je me mette sur un côté ou un coin de la classe, un peu à l’arrière et près de la porte de sortie pour ne pas me sentir oppressé. Je ressentais tellement les choses que ça me rassurait. Il m’a fallu un moment pour identifier tout ça et sortir de l’échec scolaire.
Mes premiers amours
Quand j’étais plus jeune, dès qu’une fille me parlait, je devenais tout rouge. Pourquoi ? Parce que j’imagine que je voulais plaire et que parfois, elle me plaisait. Mais de toute façon, même quand elle ne me plaisait pas, je voulais plaire. Et dans tous les cas, il fallait que je donne la bonne réponse. Sauf que quand on se met la pression, on ne donne jamais la bonne réponse.
Malgré tout, j’avais quand même des prétendantes. Sauf que quand on me draguait, je fuyais. Et quand on me draguait et qu’en plus la fille me plaisait, je me figeais. J’ai donc mis pas mal de temps pour avoir une copine. D’ailleurs, la première a été « la bonne », puisque je suis resté 15 ans avec elle. Ça peut paraître bizarre qu’un homme dise ça, mais quand j’étais plus jeune, donner mon corps à quelqu’un était quelque chose de très fort.
Quand j’ai été diagnostiqué HPI, tout a explosé .
J’ai changé de travail, je me suis séparé de la mère de mon fils.
Mon masque
J’ai toujours eu un fort degré d’exigence qui fait que même « quand ça ne marche pas », j’avais envie « que ça marche ». Je me disais que c’était de ma faute, sans même me demander si elle me plaisait réellement ou pas. Alors je m’adaptais pour plaire. Je me suis retrouvé un peu enfermé dans un rôle et je n’arrivais même plus à montrer ma sensibilité à la personne avec qui j’étais. Ce qui est problématique, c’est que j’ai tendance à intellectualiser les choses. Mais par l’intellectuel et la logique, j’en perds la véracité des émotions.
Je suis très sensible et mon challenge pour rencontrer des personnes, c’est de lâcher prise sur l’intellectualisation que je fais de la relation en étant un peu plus moi-même.
Mes proches savent tous que je suis super sensible. Mais quelqu’un qui me rencontrerait dans la rue ou même au travail, ne se douterait pas du tout de la personne que je suis. Tout simplement parce que j’ai tellement appris à masquer depuis des années que c’est devenu mon sport national préféré .
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Ma sensibilité en couple
Dans la relation amoureuse, mon point fort, c’est que je suis toujours à l’affût du moindre détail de ce que ma partenaire va dire. Et mon point faible, c’est que je vais écouter beaucoup et absorber beaucoup trop, comme une éponge. Quand il y a trop de pression, je ne peux plus contenir et je m’énerve. En fait, c’est comme si toutes ces petites émotions que j’accumule, entament mon petit cœur . Et si je n’évacue pas d’une certaine façon ou d’une autre, c’est problématique pour moi.
On pourrait croire qu’un mec sensible, c’est génial parce qu’il est que dans la sensibilité et la compréhension, mais à force d’être « trop » dans la compréhension, on peut s’écrouler.
Maintenant, je sais ce dont j’ai besoin de manière vitale :
- d’être de temps en temps seul,
- de respirer et aller en montagne,
- de pratiquer l’EMDR.
C’est ma soupape de décompression.
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Mon mode d’emploi
Aujourd’hui, quand je rencontre une personne, je ne rougis pas, ou en tout cas pas 100% du temps. Et quand je rougis, j’ai compris que ça pouvait être perçu comme quelque chose de mignon. C’est donc moins négatif dans ma tête et ça me fait moins perdre mes moyens.
Quand j’étais plus jeune, au niveau de mes relations avec les autres, je me disais « je suis hypersensible, donc je vais m’isoler et ne compter que sur moi-même ». Du coup, j’avais arrêté d’avoir des contacts avec les gens. Je minimisais pour contrôler. Le COVID m’a permis de me rendre compte que sans interaction, on n’est rien.
Et je pense que ça s’applique aussi à nos relations sentimentales. Parfois, l’autre nous fait chier (excusez-moi du terme), mais quand la personne n’est plus là, on réalise tout ce qu’elle nous apportait.
Petit à petit je comprends mon mode d’emploi.
L’EMDR
L’EMDR est une pratique qui se base sur des tapotements – cuisse droite, cuisse gauche.
Ces tapotements permettent de stimuler les deux hémisphères du cerveau. Au moment où l’on fait ces tapotements, il faut se concentrer sur une idée comme par exemple « pourquoi j’échoue dans mes relations », ou sur une émotion.
1/ Fermez les yeux,
2/ Commencez les tapotements
3/ Pensez à l’idée.
Normalement, je dis bien normalement, car ce n’est pas, chez tout le monde pareil, vous allez passer d’idées en idées assez facilement. Quand vous êtes, allez au bout, vous stoppez vos tapotements, vous réfléchissez et vous repartez sur autre chose et ainsi de suite.
Ou pensez à une émotion, une douleur que vous ressentez à un certain endroit de votre corps. Vous commencez vos tapotements, vous laissez faire et vous observez comment évolue cette sensation. Sans jugement. Il ne faut pas forcer si rien ne se passe. La douleur peut évoluer en descendant plus l’estomac, ou rester coincée. Dans ce cas-là, stoppez les tapotements, parlez avec votre psychologue, et sur la base que vous vous dites, repartez sur une autre idée.
La pratique de l’EMDR se fait comme ça : par étapes.
C’est possible de le faire seul.e, mais mieux vaut commencer avec un psychologue. Les premières séances d’EMDR peuvent être assez violentes. Pour ma part, j’ai eu de forts maux de tête et d’estomac.
Quand ça va très bien, je vois ma psychologue une fois par mois. Quand c’est un peu plus délicat, je la vois une fois tous les quinze jours voir une fois toutes les semaines. On pratique l’EMDR quasiment à chaque séance à part quand j’ai envie de parler et qu’on n’a pas le temps. Je le pratique aussi tout seul, une à deux fois par semaine, avant de me coucher. Je pense souvent à plein de choses. L’EMDR me permet d’évacuer les idées. Parfois, je n’y arrive pas et je cogite toute la nuit, d’autres fois, j’accepte que je sois créatif à cette heure-là. Ça ne sert à rien de lutter, il vaut mieux poser ses idées.
Quand dans le couple, je me dispute, je monte dans ma chambre faire mes tapotements, et ensuite, je peux parler plus calmement.
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Je dis que je suis hypersensible
Quand j’entame une relation avec une fille, je dis systématiquement que je suis hypersensible. Tout simplement parce qu’un de mes critères de recherche, c’est déjà qu’elle comprenne ce genre de choses même si je ne recherche pas forcément quelqu’un d’hypersensible.
En ce moment, on parle beaucoup d’hypersensibilité et j’ai la sensation qu’il y en a qui s’en serve comme d’une valeur ajoutée. Il ne faut pas se méprendre. Pour toute chose, il y a un coût. Et l’hypersensibilité, notamment dans un couple, ça a un coût, ça demande beaucoup d’énergie.
Mes conseils pour bien vivre sa sensibilité :
- travaillez sur vous-même,
- tentez de nouvelles expériences.
- Consulter des spécialistes et des méthodes : psychologue, thérapeutes…
- Travailler la relation entre votre corps et votre esprit avec l’hypnose, l’EMDR, la méditation…
- Pratiquez la méditation, le yoga, le sport…
- Il faut varier tout ça et vous faire votre propre méthode, car il n’y en a pas qu’une qui marche.
Mathieu
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