
#2 Les chroniques d’une hypersensible Hypersensible, moi ?!
Hypersensibilité n.f. Sensibilité extrême, exagérée.
Hyperémotif : exagérément émotif, sensible.
Le Robert illustré 2021.
Je suis Sophie. Une tornade, une maman, une femme, une épouse, une amie, une copine, une grande soeur, une connaissance, une ancienne collègue et, plus récemment, une entrepreneuse sensible.
Lors de ma première séance de coaching, Sophie – coucou Sophie et ta baguette magique ! – m’a demandé si j’étais hypersensible. Sincèrement, dans mon éducation et mes jobs, il valait mieux ne pas se poser la question ! Je lui ai donc brillamment répondu « non je ne crois pas, enfin pas plus que ça. »
Durant la même séance, tu sais la séance de 3 heures pour apprendre à se connaître… celle qui épuise et te pousse dans tes retranchements… ma fée m’a interrogée pour savoir comment j’allais à l’instant « T ». Je lui ai répondu bien. Un bien sincère et tranché. Elle m’a demandé de préciser car un “bien” veut tout et rien dire. Honnêtement, je lui ai juste répondu « j’ai été très mal il y a 3 ans alors sur mon échelle, je vais vraiment bien. » Quand tu as été très fatiguée moralement et physiquement, tu apprends – tu essaies en tout cas – à relativiser. A la fin de la séance, j’ai été submergée par les larmes quand elle m’a demandé « comment te sens-tu après cette première séance ?
– bien et très émotive !
Bouhouhou Snif bruit de mouchoirs… »
Et puis dans la voiture, j’ai vécu un torrent de larmes. Un vrai torrent lors de la fonte des neiges. Brutal, violent, mais libérateur. Je ne sais pas toi, mais personnellement, en voiture, je réfléchis. Me voilà donc au volant, à réfléchir, penser, deviser avec moi-même sur l’hypersensibilité. Les jours suivants, et depuis ce jour-là, mes larmes ne restent plus coincées au fond de ma gorge. Elles coulent – de joie et de tristesse – et me libèrent.
Je me suis renseignée sur l’hypersensibilité mais aussi seulement sur la sensibilité.
Puis-je dire que je suis hypersensible ? Peut-être…
Sensible ? C’est certain !
Petite, je pleurais beaucoup ou me mettais en colère, je riais aux éclats, je refusais même de dire bonjour aux gens pour plusieurs raisons :
- Leur parfum, leur odeur corporelle qui m’insupportaient,
- La tristesse de savoir que dans l’ordre des choses, après chaque bonjour, il y a un au revoir… Il me semblait plus facile de ne dire ni l’un, ni l’autre pour ne pas vivre un grand-huit des émotions,
- L’obligation de faire la bise aux adultes me faisait horreur car il est évident que devoir être « tendre » avec quelqu’un qu’on ne connaît pas, qu’on n’aime pas voire qu’on abhorre ou qui sent fort, est insupportable.
Plus tard, ado, je pleurais de joie ou de tristesse en lisant, en regardant des « daubes » à la télévision ou de « grands » films au cinéma. Je ne vous raconte pas la réputation… qui perdure.
Comme j’étais ultrasensible, j’ai très vite appris l’autodérision pour éviter que les gens sachent le mal qu’ils me faisaient avec leurs paroles trop souvent blessantes. J’ai passé des heures à hurler « arrêtez ! » à mes frères qui faisaient un vacarme du tonnerre. Je préférais lire bien au calme dans ma chambre.
Depuis, il y a des choses qui restent, d’autres qui empirent. Je ne supporte pas les gens qui font crisser les couverts dans leur assiette ou la craie sur le tableau, je déteste les bruits répétitifs comme les bruits de bouche, les gens qui tapent du pied, du crayon, de la main, la respiration saccadée de mon grand-père, le son d’un rot… Je suis incapable de soutenir une conversation lorsqu’il y a un bruit de fond/de foule autour de moi. C’est très gênant pour les évènements professionnels et de plus en plus pour les soirées entre copains…
Récemment, j’ai été tellement étonnée et soulagée d’apprendre que ce type d’hypersensibilité portait un nom. Si si !!! Je vous présente la misophonie.
J’ai aussi un odorat ultradéveloppé… Un parfum trop fort ou présent en trop grande quantité ? Un parfum ou une eau de parfum inadaptée à la peau de son propriétaire ? Une odeur corporelle trop présente ? J’ai la sensation d’être agressée en permanence. Parfois, je ne supporte même plus ma propre odeur ! Imaginez l’angoisse ! Quand j’en parle à des proches, ils me disent mais non, tu sens bon ! (OK, sauf mes frères qui, par principe, exultent : « on t’a toujours dit que tu as le nez trop près de la bouche »).
Je suis capable d’avoir la nausée, ou savoir ce que les gens ont mangé ou bu à l’odeur de leur haleine, de leur sueur ou de leurs vêtements. Cette sensibilité aux odeurs, si elle est souvent vraiment gênante, devient très intéressante quand il s’agit de déguster des aliments ou des boissons complexes.
Je suis hyper empathique. A tel point que je suis souvent plus malade, plus touchée que les personnes concernées. Non pas que je ressente leur douleur, leur maladie ou leurs émotions, mais parce-que je les vis avec ma sensibilité qui décuple tout ce que je peux imaginer lorsque j’essaie de me mettre à leur place. On me dit souvent que je m’investis trop ou que je prends les choses trop à cœur. J’en suis consciente et j’essaie de me détacher des gens et des choses mais malheureusement, je reste hypersensible – ça y est, je l’ai écrit – et lâcher prise est pour moi un combat de chaque instant. Je dois paraître folle mais un décès, un mariage, une naissance, l’annonce d’une maladie grave, un succès, un anniversaire, un baptême… déclenchent en moi des milliards d’émotions que j’ai énormément de mal à maîtriser et qui entraînent souvent mon imagination et mon empathie à imaginer le pire du pire… ou le meilleur du meilleur.
Vivre les choses moi-même me paraissent plus faciles car je n’ai pas cette capacité à imaginer tous les sentiments ou les épreuves par lesquels les personnes semblent passer. Il y a peu, je lisais un article dans lequel une bloggeuse racontait qu’elle pleurait même en imaginant une grave maladie pour ses proches, un décès, ou une réussite exceptionnelle… Si je vous dis que la lire m’a rassurée sur ma santé mentale ?
Être super sensible c’est aussi penser à tout ce qui pourrait arriver et donc s’angoisser pour des choses qui n’arriveront sans doute jamais ou d’une façon différente ou/et en « beaucoup moins pire que prévu ».
Si comme Sophie, tu veux être accompagnée, réserve ton RDV.
Être ultrasensible, c’est aussi :
- Vivre ses grossesses comme des bombes d’émotions, de sensations. C’est ne plus pouvoir sentir le gel douche et la mousse à raser de son chéri, ne plus pouvoir manger certains aliments… pas seulement pendant la grossesse mais pour toujours (?) – (en tout cas ça fait 12 ans et ça n’a pas changé)…
- Se promener et être importunée par une odeur d’urines alors qu’il s’agit de l’odeur du buis qui s’en rapproche.
- Se vider ou être malade à chaque gros coup de stress et se battre pour transformer son stress en force.
- Se poser 10 000 000 de questions pour prendre une décision et finalement opter pour une solution qui n’est pas forcément la plus optimale pour soi… Et oui, dans notre société, écouter son intuition et rester spontanée n’est pas toujours valorisé alors j’ai toujours eu tendance à faire abstraction de mes émotions, de mes ressentis et de mon intuition. Mais ce qui est bien pour les autres est-il bien/OK pour soi ?
- Entendre son homéopathe dire « vous souffrez d’angoisse par anticipation ». Vraiment ?!
- Être incapable de dire certaines choses de peur de faire du mal aux gens ou être la seule à exprimer spontanément un ressenti et culpabiliser des heures voire des jours pour ma sincérité.
- Ressentir et vivre tout plus – voire trop – fort, plus intensément : la tristesse comme la joie, la colère comme l’apaisement, le désespoir comme l’espoir…
- Être exigeant avec les autres mais bien plus encore exigeant avec soi-même.
- Se remettre en question ad vitam aeternam…
Suis-je hypersensible ? Oui. Le savoir me permet de l’accepter et d’accueillir mes émotions. Un jour, j’espère les accueillir avec bienveillance et gratitude. En attendant, les accueillir c’est déjà un pas de géant !
Suis-je faible parce-que je suis sensible et empathique ? Certainement pas ! Que serait un monde sans sensibilité ?!
Hypersensibles ou « juste » sensibles, peu importe. La sensibilité est une force !
Et le prochain qui ose dire que la sensibilité d’un enfant – plus particulièrement des miens – est une faiblesse saura que je suis également hyper spontanée. D’ailleurs, j’ai décidé de lâcher la bride à ma spontanéité !
Si comme Sophie, tu veux être accompagnée, réserve ton RDV.
Sophie
www.tornadenaction.fr
« Je suis douée d’une sensibilité absurde.
Ce qui érafle les autres me déchire. »Gustave Flaubert