
Comment j’ai affronté ma peur de la solitude pendant le confinement ?
En tant qu’hypersensible, je sais que j’ai besoin d’être seule très régulièrement. Pourtant, j’ai peur de la solitude. T’imagines, me retrouver seule avec moi … Ça peut paraître dingue et pourtant parfois mes émotions sont tellement désagréables et mes pensées incessantes qu’effectivement ça me fait peur de me retrouver seule face à moi-même et ces milliards de pensées ! Je préfère me fuir ! Alors quand le confinement a été annoncé, j’ai tout de suite pris ça comme un challenge. La vie ne me laisse plus le choix, c’est moi face à ma solitude, et je ne peux pas fuir de chez-moi ! Que la meilleure gagne !
L’acceptation
Ma première pensée a été de me dire “là, ma cocotte, va vraiment falloir qu’on soit pote…” Oui, parce qu’on est deux dans ma tête, il y a moi et ma petite voix… (La grognasse !)
Ok, donc si on est pote… ça veut dire qu’on est sympa avec soi, qu’on on ne se juge pas, qu’on s’écoute, qu’on s’aime…Bref, qu’on s’accepte comme on est...
Et qu’on accepte aussi cette solitude, enfin cette peur de la solitude… Pourquoi ? Parce qu’accepter me permettait de ne pas être dans la réaction, mais dans la pro-activité. Je ne voulais surtout pas me positionner en victime de la situation. Au contraire, j’ai choisi de prendre ça comme un cadeau, une chance de me retrouver, j’allais enfin pouvoir me découvrir vraiment et apprendre à vivre avec moi, une bonne fois pour toute. Oui, parce qu’à 31 ans, il serait temps !
Je me recrée mon cocon
Étonnamment, les premiers jours, j’ai eu besoin de reprendre mes marques chez moi. De ranger un peu, de sortir des bougies qui sentent bon, de trier… Je me suis ré-approprié les lieux pour me créer différents espaces de vie : mon bureau bien rangé pour mes projets de graphisme, ma chambre pour ma routine du soir et dormir et la pièce à vivre pour manger, me détendre, écrire… J’ai inconsciemment attribué un moment de la journée à chaque pièce, et c’était important pour moi que chacune soit propre et bien rangée pour que je m’y sente bien.
Je trouve mon rythme
Ensuite, j’ai eu besoin de me créer des journées type de confinement. Ca me permettait de me sécuriser, de me donner un cadre et de ne pas me laisser aller à penser ou à ne rien faire pendant des heures. Parce que je sais que si je ne fais rien, la grognasse dans ma tête se met à piailler pour rien… Il fallait donc lui donner du bon grain à moudre à cette petite voix !
Pour me créer mon planning idéal, je me suis interrogée sur mes besoins. De quoi ai-je besoin dans un mois, une semaine, une journée pour me sentir bien ?
Alors j’ai listé tous les besoins qui me venaient : dormir, écrire, lire, faire du sport, être en contact avec mes proches, travailler, manger, m’épanouir, apprendre, me sentir en sécurité, m’amuser, créer, me sentir vivante, rire, être en harmonie, bien-être et contribuer au bien-être des autres…
Et je les ai intégrés dans mon “planning”. Je me suis dit que si déjà tous mes besoins étaient nourris, ça serait un plus pour que je me sente bien.
Je reste dans ma bulle
Ensuite, j’ai volontairement choisi de me préserver de l’extérieur pour ne pas être envahie par la panique… Ça peut paraître égoïste, mais je sais qu’étant hypersensible, tout prend des proportions parfois démesurées. Et là, je ne voulais pas devoir gérer cela en plus d’affronter la solitude. Alors je regarde les infos qu’une seule fois par semaine, ça suffit largement. Les informations remontent bien assez vite entre les réseaux sociaux et le téléphone, je ne me sens pas du tout coupée du monde.
Et pour tout le reste, je choisis ce qui entre dans ma tête pour me conserver ma bulle de bien-être. Clotilde te l’expliquera mieux que moi dans son podcast !
Chaque jour, j’écris mon flot de pensées, mes kiffs, ma todo-list… Ça me permet de rester focus sur ce qui est important pour moi.
Je pratique aussi plus régulièrement la méditation et la sophrologie et je sens que mon cerveau est beaucoup plus apaisé, plus serein.
Je me mets à jour
Ça faisait plusieurs mois que je me sentais à la bourre sur tout un tas de sujets, que j’avais la culpabilité d’avoir moins de temps pour mes amis, pour mes projets, pour moi… Et là, on m’a servi du temps sur un plateau. Je l’ai pris (avec un peu de rab). Il m’a fallu plus de 10 jours de solitude pour me sentir “à jour dans ma tête”. Je pense que c’était le temps de créer mon rythme, prendre des nouvelles de chacun de mes proches, ranger la maison, les papiers… Tous ces trucs qu’on dit “je le ferais quand j’aurais le temps“. Et ba je l’ai fait ! Et ça fait du bien !
Je redécouvre le plaisir d’avoir le temps
Je suis quelqu’un qui adore faire plein de trucs dans la journée, j’adore avoir des journées minutées à la seconde près. J’ai l’impression de profiter au max de mes journées et de bien les rentabiliser. Mais en fait, que c’est bon d’avoir le temps ! Je ne fais pas forcément moins de choses en plus. Enfin si, je ne sors pas ! Mais concrètement, je fais plein de choses dans mes journées, et savoir que je peux prendre le temps dont j’ai besoin et envie pour les faire, c’est hyper agréable, et ça m’enlève beaucoup de pression. C’est génial de papoter 2H avec une copine au téléphone, génial de pouvoir prendre son livre et le poser quand on en a envie, génial de pouvoir se dire là maintenant tout de suite, j’ai envie de faire ça et je peux le faire.
Je me reconnecte à mes envies
Quand on est dans un rythme quotidien, on se noie parfois un peu dans les “il faut”, “je dois” et on oublie le “j’ai envie de…” Au début du confinement, je me posais régulièrement la question “qu’as-tu envie de faire ?” Des fois, j’avais du mal à répondre et petit à petit s’est venu naturellement. Au point ou un vendredi mon chéri me demande ce que j’ai prévu ce week-end. J’ai répondu, rien de prévu, je ferais à l’envie du moment. Je ne te dis pas son étonnement… Moi qui ai été des tas de fois stressée le vendredi soir parce qu’on n’avait rien de prévu pour le week-end… Les choses changent, et la solitude s’apprivoise…
Je me découvre dans cette solitude
Et tu sais quoi ? Et ba en fait, c’est pas si mal de vivre avec moi et cette petite voix . Je me découvre étonnamment plus sereine, épanouie. Cela m’a permis de gagner en confiance en moi.
Bien sûr il y a eu des soirs où je n’avais pas le moral, où j’ai versé mes petites larmiches, où l’envie de voir mes proches était très (trop) forte, où les angoisses remontaient… Et je me suis surprise à me dire “Sophie, tu sais que le soir tu es fatiguée, que ton moral baisse, que tes peurs peuvent reprendre le dessus, c’est comme ça, fais un truc, lis, regarde une série, médite ou file dormir et demain ça ira mieux. Ça parait idiot hein dit comme ça !? Mais en temps normal, j’aurais cogiter sur le pourquoi du comment je me sens pas bien, surement parce que je suis trop compliquée ou parce qu’untel a dit ça, ou parce qu’il s’est passé ça… Et là ça peut cogiter pendant des heures… et des nuits…
Je ne te dis pas que j’ai trouvé la recette miracle, mais je sais une chose, c’est que si je garde ce rythme où je nourris correctement chacun de mes besoins. Mon cerveau est en meilleure forme pour rationaliser, voir le positif et vivre le moment présent.
J’écris mon nouveau mode d’emploi et je n’ai plus peur de la solitude
J’ai découvert mon hypersensibilité il y a un peu plus d’un an. Depuis, je me suis pas mal documentée sur le sujet, j’ai compris et accepté cette caractéristique qui fait partie de moi. Je l’ai apprivoisée en mettant des mots sur mes ressentis, en comprenant que des tas d’autres personnes sont comme moi. Aujourd’hui, le fait d’avoir du temps et de me confronter à la solitude me permet de tester et de trouver ce qui me convient. En fait, j’ai l’impression de pouvoir compléter mon mode d’emploi de moi-même. Ma notice d’utilisation.
Quelles habitudes je garde ?
Finalement, je me suis faite à ce rythme, j’appréhenderais presque le retour à la normal. Enfin non quand même pas, laissez-nous sortir ! J’aimerais juste garder certaines habitudes que j’ai mis en place :
avoir du temps le matin, pour lire, écrire, écouter un podcast… Juste faire ce que j’ai envie et au rythme où j’en ai envie. Et quand tu te lèves à 6H, ça me semble jouable de profiter de ce temps avant de commencer le boulot vers 8H.
Faire 30 minutes de sport par jour minimum. Oh oui, ça c’est top ! J’ai pris goût à travailler sur un gros sujet le matin et ensuite faire une pause sportive avant d’attaquer un deuxième sujet. Alors, à voir comment ça peut se caler dans mes journées.
Garder ma routine du soir qui est de m’étirer, écrire, lire et méditer. Je dors tellement bien après ça ! Et ça ne prend pas forcément des heures. Je peux le faire en 15-20 minutes si je n’ai pas beaucoup de temps devant moi !
En fait, je me suis rendu compte qu’en tant qu’hypersensible, les rituels me rassurent beaucoup, et je les ai adoptés hyper rapidement. À aucun moment ça n’a été un effort de les faire. Et d’ailleurs, je ne les aurais pas faits si c’était un effort. Donc, ceux-là, je veux les garder, car je sais qu’ils sont importants pour mon bien-être.
Quelles pensées je garde ?
Rester connectée à mes envies et pas toujours aux impératifs
Arrêter de paniquer pour le futur ou ressasser le passé. Le fait de savoir qu’on était confiné m’a permis de lâcher complètement prise sur “la suite”. J’ai compris que je n’avais de toutes façons pas le contrôle et le seul truc que je pouvais faire, c’était de me concentrer sur le maintenant pour que ça se passe au mieux. Et ça m’a libéré un espace fou dans le cerveau !
Savoir que je peux être seule quelques jours si j’en ressens le besoin. Aujourd’hui, je vois vraiment la solitude comme une nouvelle ressource.
En fait, j’ai l’impression que mon cerveau respire enfin ! Il y a même de la place pour réfléchir à de nouveaux projets, avoir de nouvelles envies…
Bien sûr que je ne souhaite pas que le confinement dure éternellement. Je souhaite avant tout que les malades guérissent, que les soignants, les gendarmes, les vendeurs et tous ceux qui travaillent se reposent enfin et que chacun retrouve la vie qu’il aime, ses proches et la liberté de pouvoir sortir sans masque, sans peur et sans contrainte. Mais je suis heureuse, d’avoir sur profiter de ce temps pour commencer à faire la paix avec ma petite voix.
Et pour toi, comment se passe ce confinement ? Quel est ton rythme pour garder le moral ?