
Troubles du comportement alimentaire (TCA) et haut-potentiel (HPI) – témoignage
Je suis Alizée, j’ai 32 ans, je suis aujourd’hui maman d’une petite fille de un an et j’ai souffert de troubles du comportement alimentaire.
Comment as-tu découvert ton hypersensibilité ?
Vaste question ! Ce n’est pas un seul épisode qui a fait que je l’ai découvert, plutôt un tissage au fil de la vie. Pour moi, cela a commencé par des troubles du comportement alimentaire (TCA), ce qui m’a amené à être suivie par une psychologue qui m’a diagnostiquée hypersensible et haut-potentiel.
Qu’est-ce qui t’a fait basculer dans des troubles du comportement alimentaire ?
Je viens d’une famille très carriériste où il faut faire les meilleures écoles. Pour eux, on ne réussit sa vie que par le travail. Moi, j’ai toujours aimé ce qui était artistique et sportif, une branche où selon eux, il n’y avait “pas de débouchés”. Je m’étais donc inscrite à HEC. À la fin du lycée, j’ai développé une mononucléose si forte que j’ai été alitée pendant 6 mois. Impossible de rattraper 6 mois de retard, j’ai dû arrêter HEC. À ce moment-là, mes parents m’ont dit que je ne pouvais pas rester sans rien faire, et m’ont proposé de partir à l’étranger.
Ma famille est aussi très rigide quant au physique et à l’alimentation. On doit faire attention à rester mince, à manger sainement… J’ai choisi de partir à New-York et j’étais extrêmement stressée à l’idée de grossir.
Arrivée là-bas, j’ai effectivement pris du poids et j’ai commencé à me faire vomir. J’étais dans une inconscience totale, je ne me rendais pas compte que c’était le début de la boulimie et du contrôle de la nourriture.
De retour en France, je reprends HEC et je réalise que cet environnement n’est pas fait pour moi. Je décide alors d’arrêter bien que tout le monde me disait de continuer. Et je suis repartie à l’étranger. Quand je partais, les crises revenaient plus fortes, bien que le fait de partir était une bouffée d’oxygène.
Je suis finalement revenue pour reprendre une école de commerce “à taille humaine” et très réputée (pour mes parents). À la fin de cette école, je suis parti avec une ONG au Burkina Faso pour faire mon stage de fin d’études pendant 3 mois. C’est un pays très précaire, et insécure et cela a augmenté mon insécurité personnelle et mes vagues de boulimie et d’anorexie. Je suis revenue de ce voyage avec une bactérie dans le ventre. J’ai été à l’hôpital, car j’étais complètement déshydratée et j’avais perdu trop de kilos.
J’ai réalisé qu’à chaque fois que je suis dans un niveau de stress trop élevé, je somatise et je tombe malade.
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Comment as-tu caché tes troubles du comportement alimentaire ?
Dans ma famille, on est magnifique quand on est trop maigre. Donc on me disait que j’étais belle et mince. Je me devais de garder cette ligne. J’avais peur de ne pas être aimé si je prenais du poids.
Concernant les repas, je mentais à tout le monde sauf à ma maman. Je disais à tout le monde que j’avais une gastro et j’allais me faire vomir dans les toilettes.
Qui t’as aidé ?
En revenant du Burkina Faso, j’ai consulté une psychologue spécialisée en troubles du comportement alimentaire et dans l’accompagnement des personnes hypersensibles et à haut-potentiel (je ne le savais pas à ce moment-là).
En la consultant, je voulais que les choses changent. Elle m’a donné un anti-dépresseur spécialisé pour les TCA, et ça a été très vite. Je ne me suis plus jamais fait vomir. J’avais encore parfois ce besoin de manger émotionnellement parlant, mais plus comme avant où je pouvais vider un placard quand les émotions étaient trop fortes.
J’ai été suivi par cette psy pendant 4 ans, on a déconstruit énormément. Aujourd’hui, l’alimentation est bien plus naturelle chez moi.
Quel lien tu fais entre l’hypersensibilité et les troubles du comportement alimentaire ?
Pendant les séances de thérapie, on n’a quasiment jamais parlé d’alimentation, car c’est quelque chose de sous-jacent. Je pense que mon hypersensibilité m’a fait “manger” mes émotions. D’ailleurs, je ne connaissais pas mes émotions, j’ai donc appris à les connaître et à les décrypter.
Que disent tes émotions ? Que faire pour les comprendre sans les subir ?
Découvre les émotions et apprend à en faire des alliées au quotidien.
J’ai réalisé que je refoulais ma colère, car c’était mal vu d’être en colère dans ma famille. Donc selon les personnes que je côtoyais, j’avais plus ou moins de troubles. Avec des personnes colériques, je me vengeais sur la nourriture.
Ma psy m’a appris à :
- ressentir intérieurement ce qui se passe dans mon corps,
- comprendre mes émotions,
- canaliser mes pensées, car avec ma pensée en arborescence, ça part dans tous les sens dans ma tête.
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Comment a été fait le diagnostic du haut-potentiel ?
Ma psy a fait le choix de ne pas me faire passer le test de la Wais IV, car elle savait pertinemment que je perds mes moyens en phase d’examen.
Au début, je n’acceptais pas ce diagnostic, car j’ai toujours galéré à l’école. Mon frère lui a aussi été diagnostiqué quelques années avant moi et il a toujours eu des facilités à l’école. Donc ça me semblait impossible que je le sois aussi.
Elle me l’a dit plusieurs fois, et le déclic s’est fait quand j’ai lu le livre “Je pense trop” de Christel Petitcollin. Je me suis reconnue dans tous les exemples. J’ai pleuré du début à la fin de ce livre. Ça a été un énorme soulagement de réaliser que je n’étais pas seule au monde, que j’étais humaine et que d’autres personnes ressentaient ce que je ressentais. À partir de là, j’ai commencé à comprendre comment je fonctionnais.
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Quelles ont été tes ressources en plus de la psychothérapie ?
J’ai suivi des accompagnements corporels et énergétiques.
La psychothérapie me permettait de mettre des mots et d’avoir une vision très terre-à-terre de la situation.
La pratique du yoga m’a permis de revenir dans mon corps au point où aujourd’hui, je suis devenue professeur de yoga.
Je suis convaincue aujourd’hui que l’anorexie, c’est quand on part dans sa tête et dans ses émotions.
Énergétiquement parlant, j’ai fait tout un travail pour casser les lignées familiales.
J’ai aussi eu des grandes discussions avec mes parents. Je leur ai dit que leur vision du corps et de la femme n’était pas du tout juste. Ensemble, on a beaucoup déconstruit familialement parlant.
Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de ressembler à ce que mes parents ou la société veulent. J’ai appris à être une personne à part entière et je vais dans ce qui est juste pour moi.
J’ai alors commencé à me reconstruire en respectant ce qui est important pour moi et mes rêves se sont réalisés presque comme par magie.
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Quel rapport avais-tu avec ton corps ?
J’étais très dure avec lui. Je me regardais tous les jours dans un miroir, je me trouvais trop grosse. J’étais dans un contrôle extrême. Je pratiquais le sport à outrance.
Quel impact tes troubles du comportement alimentaire ont eu dans tes relations amoureuses ?
Quand j’étais dans une relation amoureuse dans laquelle je me sentais bien, je n’avais pas de troubles du comportement alimentaire. À l’inverse, quand j’étais dans une relation avec une personne avec qui ça ne fonctionnait pas, mes TCA revenaient.
En fait mes troubles n’étaient pas présents pendant 7 ans. Il y avait des périodes où ils partaient puis revenaient.
Aujourd’hui, quand tu es avec des personnes très colériques, comment ça se passe pour toi ?
C’est très dur pour moi de côtoyer des gens colériques ou imprévisibles. Je suis une personne “éponge”. J’absorbe les émotions et la mal-être des autres. Quand j’ai quelqu’un en face de moi, je lis malgré moi cette personne. Je sais ses douleurs. Ça fait partie de l’hypersensibilité.
Et avec les personnes incapables de se remettre en question, plein de colère envers eux-mêmes et les autres, je m’en écarte le plus possible, car cela me met dans des instabilités que je ne maîtrise pas.
L’EMDR m’a beaucoup aidé, car ce qui déclenchait mes crises était lié à des traumatismes d’enfance.
Le côté positif, c’est que j’ai des alertes en moi quand je suis en compagnie de personnes toxiques pour moi. L’inconvénient, c’est quand c’est dans le cadre familial. J’apprends petit-à-petit à mettre mes distances. À mes yeux, ce n’est jamais la faute de l’autre, ça montre simplement où sont mes failles.
Oser dire non, stop et poser mes limites est encore très difficile pour moi.
Comment as-tu communiqué avec ces personnes de ton entourage familiale ?
Ces deux personnes très proches de moi dans ma famille ont des traits de personnalité similaires. Elles ne peuvent pas se remettre en question, et se mettent dans des états de colère ingérables pour eux quand je parle de mes émotions.
Je sais aujourd’hui que je ne peux pas avoir de communication saine et constructive avec ces personnes, et ça ne sert à rien d’essayer. Leurs traumas sont trop importants.
J’ai appris que les hypersensibles sont des “proies” face à ce type de caractère. Et aujourd’hui, même si c’est très dur, je préfère m’éloigner.
Décris-nous ce type de caractère ?
Ce sont des personnes qui
- parlent tout le temps d’elles-mêmes,
- ne te demande jamais comment tu vas,
- sont soit victimes, soit bourreaux,
- n’ont pas un équilibre de vie sain : addiction, dépression…
- en groupe, prennent tout l’espace,
- ont des relations de couple malsaines
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Quel est ton panel de ressources quand tu ne vas pas bien ?
- Le yoga et l’activité physique pour sortir de mon mental,
- l’EMDR, les soins énergétiques pour revenir à mon corps,
- une alimentation saine,
- la nature,
- discuter avec mon conjoint, mes ami(e)s,
- lire, apprendre de nouvelles choses,
Dans ces moments-là, la méditation et la psy ne m’aident pas car, ça ne fait qu’alimenter mon mental.
Alizée
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