Les étapes de la reconstruction post burn-out
Mon burn-out a été un véritable épuisement physique, émotionnel et mental. C’étaient vraiment les trois en même temps. Il a été causé par un surmenage au travail et un surmenage émotionnel.
Comment a-t-il commencé ?
Au début, je n’arrivais plus à réfléchir, j’avais la sensation qu’on avait appuyé sur pause dans mon cerveau. J’étais épuisée, j’avais un grand besoin de dormir. Mes émotions étaient encore plus fortes qu’à l’ordinaire. Tout prenait de très grandes proportions. Aujourd’hui, je peux vraiment dire que c’était un épuisement total.
Pour toi, quelle est la différence entre le burn-out et la dépression ?
Pendant mon burn-out, je ne me sentais pas en dépression. La dépression est à mes yeux une maladie psychique, on a des idées noires, on ne sait pas où on veut aller, on ne trouve pas notre place dans notre vie…
Moi, je n’ai pas du tout ressenti ça. Je ressentais vraiment que mon corps était épuisé. Comme si j’avais une armure en maille et que je ne pouvais plus du tout bouger, bien que mon esprit, lui avait envie d’avancer. La moindre émotion déclenchait chez moi une crise d’angoisse.
De mon côté, je refusais tout contact avec qui que ce soit, car ça me demandait trop d’efforts. Mais je n’étais pas malheureuse. J’ai toujours eu conscience que j’avais une belle vie.
Oui, j’ai eu quelquefois envie d’en finir, car j’avais tellement mal au corps que j’ai eu peur de ne jamais redevenir maître de mes mouvements. Le démarrage des anti-dépresseurs a déclenché chez moi quelques idées noires, mais cela n’a pas duré.
Quels ont été les éléments déclencheurs avant de faire ton burn-out ?
Au travail, je sentais que j’étais surmenée, j’avais de moins en moins envie d’y aller. J’étais énervée, mais je ne pouvais pas le montrer. J’étais dans la sur-adaptation tout le temps. Je faisais beaucoup de fautes d’orthographe alors qu’en temps normal, j’en faisais jamais.
Selon moi, mon hypersensibilité, c’est 90 % des facteurs de mon burn-out. Dès que quelque chose est injuste, ça me rend dingue. Et en tant que gérante d’entreprise, même si je veux toujours bien faire, ce n’est jamais suffisant. J’ai donc eu beaucoup de déceptions au travail. En plus de cela, je suis perfectionniste, donc je me mets toujours la barre très très haute. J’ai beaucoup de responsabilités, et je pensais ne pas avoir droit à l’erreur. Je veillais à ne surtout jamais montrer mes failles. J’étais empathique avec tous les salariés et je prenais les émotions de chacun. Forcément, à la fin, plus rien ne pouvait rentrer dans mon cerveau. Je me sentais vidée.
Concrètement, à quoi ressemblait ton quotidien pendant le burn-out ?
La première étape, c’est l’épuisement total. Quand je n’ai plus pu sortir de chez moi. De juin à septembre 2021, je ne suis pas sorti de ma maison. Je ne pouvais pas me lever, mon corps ne répondait plus de rien. C’est mon mari qui m’aidait à me lever. Il m’est arrivé de dormir dans le pool house de ma maison à même le sol, car c’était le seul endroit où il n’y avait pas de bruit. Le moindre bruit me réveillait en crise d’angoisse et je ne pouvais pas le contrôler.
À partir de septembre, j’ai réussi à aller voir ma sophrologue Carole Anglade. C’était la seule personne que je pouvais voir en frontal. Je prenais des médicaments avant d’y aller et il m’arrivait de faire des crises d’angoisse avec elle. Mais elle m’a énormément aidé. Ensuite, j’ai intégré la psychothérapie et un suivi psychiatrique jusqu’en décembre 2021. Pendant 6 mois, je n’ai vu personne d’autres que des personnes du corps médical.
Dès janvier 2022, j’ai commencé à sortir. Seule. J’aimais marcher, mais je ne pouvais pas aller trop loin, car je paniquais vite d’être éloignée. J’ai aussi découvert le yoga, d’abord en cours particulier et petit à petit en cours collectifs au centre Pure Breath. J’avais 3 à 5 cours par semaine.
J’ai vraiment recommencé à sortir en mai 2022, presque un an plus tard.
J’ai ensuite repris le travail en juillet 2022.
Je fais d’ailleurs un aparté. C’est malheureux, mais quand on est en burn-out, il faut avoir les moyens de se soigner. J’ai eu cette chance de ne pas avoir besoin de compter. Mais je suis consciente que tout cela a un coût. Prendre plusieurs cours de yoga par semaine, suivre une thérapie, consulter différents praticiens, tout coûte cher et très peu de choses sont remboursées.
Quelles sont les étapes que tu as traversées pour sortir de ce burn-out ?
Épuisement/déni : on voit venir le burn-out, même si on ne veut pas le voir.
Le choc/la chute : le corps ne répond plus. Pour ma part, je ne pouvais plus rien faire.
Colère : je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je me disais pourquoi moi, alors que je suis toujours une battante, toujours très positive. J’avais cette sensation d’être punie à la maison alors que j’avais fait tant pour les autres. Cette injustice me mettait en colère.
Peur : je me demandais comment j’allais m’en sortir. J’avais peur d’être toujours faible après ça.
Tristesse : j’avais la sensation que tout s’effondrait alors que ma vie allait bien. Il n’avait pas de raison que je vive ça. J’avais la sensation d’être devenue une femme fragile et ça me rendait triste.
L’acceptation/la compréhension : j’ai lu beaucoup de livres pour me documenter et essayer de comprendre. C’est ce qui m’a beaucoup aidé. J’avais besoin d’apprendre. J’ai petit à petit compris ce qui m’arrivait. J’avais vraiment exagéré, je m’étais trop suradaptée. Je comprenais enfin quelle était ma part de responsabilité dans ce burn-out.
Reconstruction : entre 6 mois et 1 an pour moi. Je me suis comprise et accepté. J’avais envie de faire plein de choses : chant, peinture, aquarelle, footing… Je me suis découvert plein d’activités qui me plaisaient et que je ne faisais pas ou plus. J’ai réalisé que le mode de vie que j’avais (travail, enfant, week-end chargé) m’empêchait d’avoir des envies, et de pratiquer des activités.
Quels sont les « bénéfices » de ce burn-out ?
C’est sûr qu’il y en a ! J’ai changé, j’ai compris qui je suis, je fais plus attention à moi. Dès que je vis une émotion, je sais si c’est la mienne ou celle des autres et je me laisse moins emportée. Je me sens plus forte et plus alignée avec mes valeurs. Je sais me reposer quand il le faut.
Aujourd’hui, je remercie la vie de m’avoir fait vivre cette expérience. Je sais que dès que je suis trop stressée ou que ça va trop vite, je m’arrête. Et aujourd’hui mon entourage aussi fait plus attention. Parce qu’avant je n’étais pas comprise. Le nombre de fois où on me disait : mais ça ce n’est pas important, tu en fais trop, tu réfléchis trop…
L’aspect négatif c’est que je suis très vite fatiguée et que mon cerveau ne va pas aussi vite qu’avant. J’ai aussi cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, car je sais que la rechute est possible.
Mandy évoque l’importance d’avoir appris à se connaître. En tant que coach, je t’aide à comprendre ton fonctionnement. Je te propose de découvrir ton mode d’emploi en séance individuelle ou en autonomie avec le programme Puzzle pour 6€.
Comment un couple peut traverser une telle expérience ?
On m’a tellement répété des phrases du genre « fais attention à ton couple, le couple ne sort jamais intact du burn-out ». C’est très difficile d’entendre cela. J’avais déjà la pression de mon corps qui ne répondait pas. Il aurait fallu que je me mette la pression d’être une mère, une femme et une amante parfaite pour éviter que mon mari se lasse.
On en a beaucoup parlé ensemble. Je lui demandais très souvent comment c’était pour lui si ce n’était pas trop dur. Il me disait que si c’était dur. Mais je n’ai pas ressenti que ça avait fait du mal à notre couple. Avant le burn-out, on partait tous les week-ends en vadrouille, voir nos amis et nos familles. C’était physiquement et moralement épuisant. Mais je ne savais même pas qu’on pouvait dire non. Le burn-out nous a recentré sur l’essentiel. On était obligé de dire non. Et on passait vraiment du temps en couple et avec nos enfants.
Aujourd’hui, on ressort, on voit nos amis, mais on le fait à un rythme plus calme. Donc oui, pour le couple, c’est difficile, mais ce n’est pas insurmontable et ça nous a rapprochés.
Est-ce que ta libido a été impactée ?
En fait, je ne me suis même pas posé la question. Ce n’était absolument pas un sujet. La priorité était ma reconstruction et le repos de mon corps. Je ne pouvais même pas envisager d’avoir une relation intime puisque la moindre émotion me déclenchait une crise d’angoisse.
Donc oui, pendant un temps, il n’y a pas eu de rapports, mais rapidement, c’est revenu. On s’est porté de l’affection autrement avec du soutien, des câlins, du temps passé ensemble, des discussions. Je le remerciais énormément d’être à mes côtés.
Et au niveau de ton cycle menstruel ?
Avant mon burn-out, je n’étais pas du tout à l’écoute de mon corps. Mon cycle, c’était une semaine par mois, j’étais un peu dérangée, puis voilà.
Pendant le burn-out, une semaine avant mes règles, c’était vraiment terrible. J’avais encore plus de crises d’angoisse. J’étais tellement triste.
J’ai eu la chance de suivre un accompagnement pendant 5 mois pour comprendre mon cycle et ce qui se passait dans mon corps. En réalité, tout ce que je vivais était normal mais totalement décuplé à cause du burn-out qui m’a causé un dérèglement hormonal.
As-tu voulu changer de vie ?
J’ai réfléchi à changer de vie parce que mon corps me l’obligeait, mais moi, j’étais très heureuse dans ma vie. J’aimais et j’aime toujours mon travail bien que j’y mette toujours trop de cœur. Je suis passionnée par le management, le coaching, j’aimerais aider des entrepreneur.e.s. Mais à bien y réfléchir, je suis à ma place et je fais déjà tout ce que j’aime dans mon entreprise.
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Qu’as-tu appris pendant ton burn-out ?
J’ai plus cherché à comprendre qui j’étais avec mon hypersensibilité qu’à lire sur le burn-out. J’avais besoin de comprendre pourquoi je réagis autant à des choses « sans importance », pourquoi je suis autant empathique ? Pourquoi je comprends autant les gens et pourquoi je perçois leurs émotions avant même qu’il ne parle. C’est vraiment un travail sur moi-même qu’il m’a fallu faire pour me sortir de ce burn-out.
Pour cela, j’ai lu :
- Hypersensible mode d’emploi de Sophie Koubbi
- Émotifs talentueux de Nathalie Alsteen
- L’hypersensibilité pour les nuls de Cédric Vitaly et Saverio Tomasella
À partir de quand t’es tu senti l’énergie de travailler sur toi ?
Je suis vraiment hyperactive donc j’ai très vite voulu trouver des solutions. Je pensais que quelque chose clochait dans ma vie et qu’il fallait que je change quelque chose. Mais j’étais épuisée et ça ne servait à rien. Il fallait que mon corps se repose et que je comprenne pourquoi je vivais cela.
J’ai pu consulter en janvier 2022 avec toi Sophie, pour comprendre ma sensibilité.
Réserve ton appel découverte si tu souhaites être accompagné(e) dans cette période de ta vie
Ce qui t’a manqué dans ta guérison ?
J’avais envie de parler à quelqu’un qui avait vécu la même chose, mais vraiment la même chose. Sauf que chacun le vit à sa manière. Je ferais peut-être un jour un regroupement de personnes qui sont passées par là. Si on m’avait donné les étapes dès le départ, et qu’on m’avait expliqué que j’allais voir le bout du tunnel et que ça allait se passer comme ci et comme ça, je sais que je n’aurais rien écouté, pour autant, ça m’aurait aidé tout au long du processus.
Comment ton entourage aurait pu t’aider ?
Franchement, je ne pouvais même pas répondre au téléphone ou envoyer un message. Donc leur aide ne m’a pas manqué. J’avais besoin que mon corps se tranquillise pour qu’il puisse m’aider et après ils ont été tous très présents et n’auraient pas pu faire mieux. J’ai toujours eu des messages régulièrement bien que je n’y répondais pas toujours. Ils n’ont pas lâché et on tenu dans la durée. Merci à eux !
La découverte de ta sensibilité t’a t’elle permis de comprendre ton fonctionnement ?
Complètement ! J’ai compris comment je fonctionne. Aujourd’hui, j’ai la chance inouïe de pouvoir manier mon emploi du temps comme mon corps et mes envies me le permettent. Donc j’arrive plus tôt que les autres, mais je pars aussi plus tôt. Mais je sais que ce n’est pas possible quand on a des horaires fixes et je trouve ça trop dommage.
Découvre ton mode d’emploi
Si tu avais un conseil à donner à la Mandy qui rentre en burn-out ?
Mandy, arrête de te battre et d’être dans le déni, accepte, accueille et tout passera. Dans la vie, tout passe.
Amandine
@amandine.blanc.902
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