Comment communiquer avec son entourage quand on est hypersensible ?
Beaucoup de personnes m’ont exprimé se sentir incompris.e par leur entourage. Ils m’ont fait part de leurs angoisses et de leurs colères. Alors peut-on être (hyper) sensible et ne pas avoir de grandes difficultés relationnelles ? Heureusement, la réponse est OUI !
Dans cet article, je te donne les clés pour mieux communiquer avec ton entourage et je te fais part de mon expérience personnelle. Si ça a marché pour moi, ça marchera pour toi !
1/ Comprendre ton hypersensibilité
Le plus important est de bien te comprendre. Car si toi, tu ne te comprends pas, alors que tu vis H24 avec toi depuis un certains nombre d’années, comment veux-tu que les autres te comprennent ? D’après Lise Bourbeau (auteur et fondatrice de la plus grande école de développement personnel au Québec) “les autres sont avec toi comme tu es avec eux et avec toi-même”.
Être (hyper) sensible, c’est avoir des capteurs ultra-puissants
Dans sensibilité, il y a le mot “sens”. Si tu es très sensible, tes 5 sens sont très développés. Tu ne le sais peut-être pas, mais tu captes des signaux que d’autres ne perçoivent pas. Par exemple, cette odeur de vioc quand tu rentres dans un immeuble ancien, ce goût subtil de fleur d’oranger dans la brioche de Mamie, la conversation du couple derrière toi, que tu suis alors que tu parles à ton ami, la couverture qui parait si douce et qui pourtant te pique et te donne envie de t’arracher la peau toute la nuit… Tu ne peux pas y faire abstraction, c’est comme ça.
Ce qui marche pour ton environnement marche aussi dans tes relations aux autres. Tu es capable de percevoir le moindre changement d’humeur chez l’autre : son œil qui d’un coup semble le picoter en abordant un sujet, ou sa colère qui semble monter, mais qu’il tente de ravaler. Et comme tu es empathique, c’est très dur pour toi de faire abstraction de cela. Ses émotions désagréables viennent te toucher de plein fouet. Heureusement, ça marche aussi avec ses émotions agréables !
On te dit souvent que tu analyses trop, que tu interprètes tout ce qu’on te dit, mais tu n’y peux rien, tu l’as bien senti ce petit changement d’humeur, au ton de sa voix, à son regard… Du coup, tu te demandes si c’est de ta faute et tu as peur d’être rejeté.e.
Quand trop d’informations t’arrivent en même temps, c’est la panique. Ton cerveau ne filtre pas, il est en permanence en mode manuel et c’est à toi de faire le tri. C’est pour ça que tu te sens souvent fatigué.e, que parfois tu ne sais pas pourquoi d’un coup d’un seul, c’est trop de sollicitations, trop d’informations, trop de bruits… Tu as juste envie de fuir.
Chez les normopensants, les informations inutiles sont filtrées automatiquement pour que le cerveau se focalise sur l’essentiel. Chez les hypersensibles, ce tri se fait uniquement en mode manuel. La personne décide de ce qui mérite son attention et fait l’effort mental de passer le reste au second plan.
Être hypersensible, c’est ressentir tout de façon très intense
Quand tu es heureux.se, tu es TRÈS heureux.se, tout te semble magique et merveilleux : le doux chant des oiseaux qui te réveille agréablement, l’odeur du pain grillé, la sensation magique de passer la journée à marcher pieds-nus… Par contre, et c’est le revers de la médaille, quand tu es mal, tu es TRÈS mal. On a sûrement dû te dire que tu étais excessif.ve, que tu sur-réagissais ou que tu en faisais trop. Mais ça fait partie de ta nature, au même titre que la forme de ton orteil (t’as beau tirer dessus, tu ne pourras rien y changer).
Tu vis toute la palette d’émotions de manière très intense et de toutes les couleurs, tu peux pleurer de tristesse, comme de joie (ou de colère). Tes capteurs sont ultra puissants, donc tes réactions émotionnelles sont elles aussi décuplées. Quand tes émotions sont trop fortes, sois tu essaies de fuir par tous les moyens pour te protéger, soit tu n’arrives pas à contenir ce trop-plein d’émotions et tu le vides instantanément en fondant en larmes, en te mettant en colère, ou en ressentant une très forte angoisse. Alors quand tu es fatigué.e, c’est encore plus dur pour toi de contrôler tes réactions émotionnelles.
Ta grande sensibilité fait aussi que tu as un cœur dans le cerveau. Tes comportements sont dirigés par tes émotions et tes ressentis principalement. Tu as d’ailleurs souvent dû entendre dire que tu prenais les choses trop à cœur. C’est comme tout le reste, les choses t’impactent de manière forte. Comme si tout ce qui entre en toi est passé sous une loupe grossissante.
Découvre les accompagnements pour comprendre ton mode d’emploi
2/ Comprendre ton entourage
Alors justement, comment fonctionnent les autres ? En tant qu’hypersensible, tu penses principalement avec ton cerveau droit. À l’inverse, les autres pensent avec l’hémisphère gauche. Ils ont donc un fonctionnement différent du tien.
Ne pas être (hyper) sensible, c’est avoir un filtre ultra-puissant
Leurs 5 sens sont moins sensibles que les tiens, ils n’ont pas comme toi un œil de lynx et la truffe constamment en l’air. Ils ont également un système de filtre pour que les informations inutiles ne passent pas. Ils sont focalisés sur l’essentiel.
Et comme ils captent moins d’informations, ils ne voient pas cette vague de tristesse qui embue d’un coup tes yeux. Ne la voyant pas, ils ne peuvent pas le ressentir et encore moins être là pour te rassurer ou te consoler. Quand on est très sensible, on a tendance à ne pas dire ce qu’on ressent parce qu’on se dit “si l’autre m’aime, il doit forcément savoir ce que je ressens”. Non, il n’est pas comme toi, il ne perçoit pas tout ça. Ce n’est donc pas parce qu’il ne t’aime pas.
Les “normopensants” sont aussi moins susceptibles, et arrivent plus facilement à se détacher des choses.
Ne pas être (hyper) sensible, c’est prendre les choses comme elles sont
Les “normopensants” aiment parler de choses banales. Ils ont plus de facilité à avoir des discussions de “surface” qui je le sais bien te semblent futiles et inintéressantes. Pour eux, ça ne l’est pas. Ils aiment simplement se retrouver pour partager le plaisir d’être ensemble. Ils n’ont pas besoin d’avoir une discussion profonde comme tu aimes les avoir pour ressentir ce bonheur d’être en lien.
Ils aiment et acceptent que les choses soient nuancées, là où toi, tu es parfois entier.e : c’est bleu ou c’est rose, mais le mauve, c’est moche ! (non mais, avoue que c’est moche ! )
3/ Exprime-toi
Maintenant que tu connais les fonctionnements de chacun, tu peux communiquer avec eux. Si tu as besoin d’être compris.e par quelqu’un, explique lui les choses en veillant à parler de toi. Exprime tes ressentis, en disant “JE ressens que…”, mais n’accuse pas l’autre. Écoute son point de vue, et accepte qu’il puisse être différent du tien. Si tu lui fais une demande, sois précis.e. N’oublie pas que les “normopensants” aiment aller à l’essentiel.
Pour bien communiquer, je ne connais rien de mieux que la communication non-violente. Créé par Marshall Rosenberg, ce processus en 4 étapes permet d’améliorer radicalement notre relation aux autres.
A lire sur le sujet : Pratiquer la communication non-violente
Utilise le principe de la marelle pour décomposer le processus de la CNV. Pense à une situation qui te fait ressentir une émotion désagréable.Passe d’une case à l’autre en parlant de la situation à haute voix.
4/ Choisis les gens que tu fréquentes
On ne choisit pas sa famille, ni ses collègues, mais on choisi ses amis. Entoure-toi de personnes bienveillantes, avec qui tu te sens bien. Et quand tu ne peux pas choisir, tu peux tout simplement garder une certaine distance de sécurité. Il ne tient qu’à toi de te protéger si tu sens qu’il n’y a pas de feeling avec la personne en face. Elle n’a pas besoin de savoir que tu es très sensible, ni d’en savoir plus sur ta vie.
Découvre les accompagnements pour comprendre ton mode d’emploi
5/ En pratique, ça donne quoi ?
Je vais te faire part de mon expérience personnelle. J’ai réussi à me faire comprendre par mes proches, il y a quelque temps. Nous passions quelques jours ensemble et le grand débat a commencé le premier soir… Je me rappelle d’une conversation houleuse où on me disait, “tu dois t’adapter à nous”. Mais pourquoi, c’était à moi de m’adapter ? Pourquoi eux ne pouvaient pas s’adapter à moi ? J’étais vraiment révoltée. Je me sentais incomprise, rejetée, différente. Nous étions 4 à table, j’avais l’impression que c’était un combat. 3 contre 1. Je me suis débattue, un bon moment, et puis ça m’a fatiguée, j’ai acquiescé. Je n’en ai pas dormi de la nuit…
Je voyais bien l’intention positive qu’ils avaient derrière cela. C’étaient mes proches. Ils me disaient de m’adapter pour ne pas souffrir, pour profiter de la vie, de moins penser, de moins me poser de questions. Je savais très bien que c’était pour mon bien et pas pour me mettre en colère ou me faire du mal. C’est d’ailleurs ça qui m’a permis de me calmer et de réfléchir à des solutions.
J’en voyais 2 : soit je ne réouvrais pas le débat, et je ferais semblant tout le reste de ma vie. Soit je trouvais un autre moyen de leur faire comprendre qui j’étais et comment je fonctionnais. Pour qu’eux, puissent aussi s’adapter à mon fonctionnement. En me levant, je ne savais pas ce qui allait se passer. La journée s’est très bien passé, nous avons longuement discuté. Et je crois que pour la première fois de ma vie, je me suis livrée à cœur ouvert sans avoir peur de blesser qui que ce soit ou d’être rejetée. C’était un beau moment. Mais je n’avais pas reparlé du sujet en question. J’ai juste exprimé ce qui m’avait blessée dans cette soirée.
Le lendemain matin, je me suis levée la première. En attendant les autres, je zonais sur mon téléphone et je suis tombée sur cette vidéo.
En la regardant, j’ai pleuré. Tout était là ! En 4 minutes, elle a tout résumé.
Je l’ai d’abord montré à ma maman. J’avais besoin de connaître son ressenti. Je la regardais elle, pas la vidéo. Instantanément, j’ai compris qu’elle avait compris, (le super pouvoir d’être (hyper)sensible). À la fin elle m’a dit que la vidéo me décrivait parfaitement. Qu’elle décrivait aussi des choses qu’elle avait perçues et ressenties envers moi. Et c’est à partir de ce moment-là, que je me suis vraiment sentie comprise…
Mais tout ça ne serait pas arrivé si je ne m’étais pas d’abord comprise moi, si je m’étais mise en colère sans écouter ce qu’ils voulaient me dire, si je n’avais pas cherché à les comprendre, et si je ne m’étais pas sentie en confiance pour m’autoriser à être moi.
Alors je vous souhaite à tous ce même chemin. Je sais que ce n’est pas facile de se faire accepter et comprendre des autres, et peut-être encore moins de s’accepter et se comprendre soi, mais ça se fait. Si j’ai réussi, tu peux le faire aussi. (Hyper) sensible et heureux.se c’est possible !
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sophie
Merci beaucoup pour cette ressource !